La laideur de Danton ...
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Bon Dieu, qu'il est laids. Non d'une laideur naturelle, mais acquise à force d'accidents. La nature est saine, le corps trapu, et le buste déjà solide promet une belle prestance, quand les épaules seront carrées. Mais des mauvaises fées ont soufflé sur son enfance de brasse-bouillon, en lui faisant don d'une turbulence incoercible, qui le jetait au-devant des malheurs. Un taureau lui avait arraché, d'un coup de corne, la lèvre supérieure. Un autre, plus tard, avec lequel il prétendait lutter, lui avait écrasé le nez. Il avait glissé sur le chemin devant une bande de porcs qu'il se divertissait à tourmenter au fouet : ils s'étaient rués sur lui, l'avaient couturé de blessures. Il aimait nager tout nu dans l'Aube qu'il avait failli s'y noyer. On l'en avait sorti déjà bleu, nanti d'une fièvre maligne, suivie de la petite vérole « accompagnée du pourpre », qui avait dilué ses cicatrices dans un masque tavelé.
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